Punks not dead
Trois jeunes teigneux tout droit sortis des quartiers working-class de Derry, trois sales kids qui n’ont jamais l’air de se prendre au sérieux. Et pourtant, cette nonchalance apparente tombe vite dès qu’ils montent sur scène. Une énergie brute et bouillonnante qui ne demande qu’à exploser à grands coups de riffs éclatants et de refrains balancés tels des brûlots. “Nous sommes les Touts de Derry, un chanteur qui ne sait pas chanter, un bassiste qui ne sait pas jouer et un batteur qui n’y voit rien,” aime à dire le chanteur Matthew Crossan à chaque concert. Ces 3 survoltés n’en sont pas à une provocation près. Rien que le nom de leur groupe en est une. Du verbe racoler en anglais, le mot tout désigne généralement au Royaume de sa Majesté un vendeur de billets à la sauvette. Mais en Irlande du Nord, le mot est l’une des pires façons qui soit d’appeler quelqu’un. Durant la période des Troubles, un tout était un informateur de la police ou des services de sécurité. Il suffisait que ce mot soit gribouillé à côté d’un nom sur un mur pour que cela signe l’arrêt de mort de la personne…
Dans une ville qui a vu naître durant les Troubles The Understones, groupe auteur en 1977 du morceau Teenage kicks, véritable hymne de la jeunesse nord-irlandaise, les 3 énervés de Touts semblent être les dignes héritiers de la tradition punk de Derry, tendance groupe politique Leur rage raconte la vie des gamins de Derry, les politiciens démagos et le cynisme qui se cache en politique. L’incendiaire morceau Can’t Blame Me démêle avec lyrisme les propos alarmistes et effrayants qui dominent le processus électoral. Le groupe n’a encore rien sorti sur le Brexit mais le sujet est évidemment au coeur de leurs préoccupations. Pour eux qui n’ont pas connu la période des Troubles, il est clair que si une frontière dure devait revenir, il y aurait des émeutes. Comme ils l’expriment dans leur morceau Political people, ils n’ont aucune confiance envers le gouvernement en place en Irlande du Nord. “Les décisions qu’ils ont prises m’ont été imposées, mais j’étais trop jeune pour voter, confie Jason. Je n’avais que 16 ou 17 ans à l’époque. Maintenant, je dois grandir avec.“